Mastodon, l’alternative libre de Twitter :)

Les réseaux sociaux en ligne populaires sont critiqués (à juste titre) pour leurs politiques intrusives concernant leurs utilisateur⋅rice⋅s, et les données qu’ils collectent sur leurs vies privées….

Pourtant discrètement, sereinement et avec détermination, existe toute une armée d’idéalistes passionné⋅e⋅s qui développent l’alternative : des outils dont nous avons besoin pour nous libérer de cette emprise tout en profitant pleinement des technologies actuelles pour nous connecter entre nous… Rien n’est donc fatalité. 🙂

 

La logique de la décentralisation

Pour permettre cette alternative cependant, il s’agit de penser et donc de construire différemment. Face à la centralisation des ressources et des données se développe la logique de la décentralisation. Pour un même réseau social libre, il y aura donc une fédération plutôt que le monopole d’une seule organisation.

Par exemple, pour l’alternative à Twitter, Mastodon, qui a vu le jour en octobre 2016 et été mis en avant en avril 2017, il existe plusieurs « instances » de ce service. Elles sont proposées et maintenues par différents organismes et le Fediverse, gestionnaire de réseau social décentralisé de micro-blogage, permet de les regrouper pour en assurer l’interopérabilité.

Pour simplifier les choses, on pourrait comparer ce fonctionnement à celui des e-mails puisque cette technologie ouverte a été développée en permettant d’éviter dès le départ tout monopole. Il est en effet possible d’avoir un compte e-mail chez différents fournisseurs et toute personne en ayant un peut communiquer avec les autres, même si ce compte a été ouvert chez un fournisseur différent.

Avec les instances, c’est la même idée. Il y a différentes instances de Mastodon développées et du moment qu’on a l’adresse Mastodon d’une personne ou compagnie, on peut la retrouver et échanger avec elle.

 

Comment se développent les instances ?

La plupart des instances sont développées par le réseau associatif et donc non commercial, puisqu’à la base cela part d’un idéal, celui mis en avant depuis les années 80 par la philosophie des logiciels libres et qui a fini par faire boule de neige. Mais certaines entreprises ou gouvernements mettent parfois en place leurs propres instances.

Mastodon a été créé par un allemand, Eugen Rochko, et publié sous licence libre, que l’on appelle aussi « open source », ce qui signifie que les codes écrits pour faire fonctionner ce logiciel sont publics, chacun⋅e peut ainsi contribuer à son développement. Une forte communauté de développeur⋅euse⋅s à travers le monde s’est donc constitué et elle s’attelle tous les jours à le rendre plus solide, plus fiable et fonctionnel pour garantir son évolution. Mastodon appartient donc à tout le monde.

Lancé publiquement en avril 2017 seulement, ce réseau social de microblogging a vu de nombreuses instances éclore dans différents pays pour en dénombrer plus de 1000 d’actives et le 1er décembre 2017, dépasser le million de comptes ouverts (1).

En France, il y a notamment mamot.fr, l’instance de La Quadrature du Net, et Framapiaf.org, celle de Framasoft. Mais bien d’autres ont vu le jour. Voici un article qui liste les différentes instances françaises, trois mois après son lancement (en tout évidence le nombre d’utilisateur⋅rice⋅s mentionné⋅e⋅s a depuis a fortement augmenté) : Classement des plus grosses instances françaises.

 

Le choix de l’instance : pourquoi Framapiaf.org ?

En ce qui me concerne, je n’en ai testé que trois et mon choix s’est arrêté sur Framapiaf.org : même si l’ergonomie est similaire entre les différentes instances, les couleurs du thème peuvent varier et celles choisies par Framasoft sont claires. Mine de rien, elles m’ont permis de plus facilement « y voir clair », justement (j’ai pu retrouver l’option « rechercher » par exemple, alors que sur les autres instances adoptant le thème sombre par défaut, je ne l’avais pas vu).

Mais ce n’est pas la seule raison qui m’a fait pencher pour Framapiaf : j’apprécie beaucoup l’effort de l’association et maintenant communauté Framasoft pour fournir et promouvoir une alternative libre aux logiciels usuels à travers Framapack, mais aussi à tous les services en ligne existant. Utiliser Framapiaf.org contribue donc à les faire connaître et à « degoogliser internet ». 😀

 

Les « Framas » de nombreux outils bien utiles

> Travailler collaborativement en ligne

Il y a notamment Framapad, qui permet de co-écrire un texte ou le tableur Framacalc , si l’outil recherché est une feuille de calcul. De même, Framaslides est un projet en construction pour offrir la possibilité d’éditer à plusieurs un document de présentation type « Powerpoint ».

Framemo (dont la simplicité de l’ergonomie m’a séduite) permet quant à lui de créer des mémos à partager. Framadate est une alternative au Doodle tout en offrant des options supplémentaires et  Framagenda. donne la possibilité de co-gérér ou tout simplement partager son emploi du temps.

Mais le plus intéressant à mes yeux est encore Framavox, je trouve, car il permet de constituer des groupes pour prendre des décisions collectives, et d’ailleurs on y retrouve plusieurs groupes publics citoyens comme « Alternatiba », « Demain » (faisant référence au documentaire), « la France insoumise », etc… Voir l’article qui détaille ses fonctionnalités pour en savoir plus.

> Transmettre des documents

D’autres outils offrent aussi la possibilité de transmettre des fichiers volumineux comme Framadrop ou, s’il s’agit de photos, de les partager avec aperçu galerie (Framapic).

Un autre service que je ne connaissais pas, mais qui m’aurait bien dépanné à plusieurs reprises pour transmettre des données sensibles (comme le numéro d’une carte bancaire par exemple) : Framabin qui chiffre les données et peut les détruire à la première lecture.

> Communiquer des données ou les collecter

Sans parler de Framacarte, bien utile pour personnaliser des cartes et mettre en évidence des lieux tout en les enrichissant de repères, ou encore Framaform, pour établir des questionnaires dans le cadre d’un sondage, de la programmation ou retour sur événement.

> Échanger de façon personnel

Et puis bien sûr, pour celles et ceux qui sont à la recherche d’une alternative à Facebook, il y a Framasphère, l’instance (appelée cette fois « nœud ») de Diaspora qui met l’accent sur les échanges personnels informels ou Framateam pour tchater collectivement en temps réel avec indexation de l’historique.

Le mieux serait de jeter un coup d’œil à tout ce qui existe grâce à la campagne de sensibilisation de Framasoft « Dégooglisons Internet » d’ailleurs : certains services sont récents et donc en cours de développement, mais d’autres sont parfaitement aboutis.

Bref, Framapiaf s’inscrit dans une suite logicielle cohérente et intéressante, soutenue par de nombreux⋅euses contributeur⋅rice⋅s.
 

Fonctionnement de Mastodon…

Pour ce qui est de mon expérience de Mastodon elle-même, comparée à Twitter, il n’y a pas photo : c’est tellement mieux pensé ! J’adore le fait de pouvoir voir sur un même écran, mon fil d’actualité, mes notifications, le fil public ou le détail d’un compte, tout en pouvant commencer à écrire un « pouet » (oui, du coup c’est le nom donné aux tweets). Cette présentation en quatre colonnes est très agréable, et tellement mieux que le système de fenêtres ou pages de Twitter qui ne permet de ne faire qu’une seule chose à la fois.

> Publications

Les « pouets », courts messages que l’on poste, peuvent contenir 500 caractères au lieu de 280 avec Twitter et permettent du coup d’être aussi plus explicites. L’idée d’être succinct⋅e est bonne, car toutes les infos à transmettre ne nécessitent pas toujours un article, mais il faut tout de même avoir la possibilité de préciser un peu les choses.

Il est aussi possible d’ajuster facilement la confidentialité de chaque message pour les rendre soit publics, privés (à ses abonné⋅e⋅s) ou seulement visibles aux personnes spécifiées. Flexibilité que l’on ne retrouve pas chez Twitter car ces paramètres sont à choisir globalement.

> Recherches et lectures

Bien sûr, le nombre de proches, des personnalités ou d’organismes ayant un compte Mastodon est sans comparaison à l’heure actuelle avec celui de Twitter. Mais la fonction de recherche par #hashtag, permet de retrouver les pouets qui peuvent nous intéresser (et donc les personnes qui sont interpellées par les mêmes sujets que nous.

La consultation du « fil public » permet de voir les posts publiés en tant réel sans filtre et la possibilité de savoir à qui d’autres sont abonné⋅e⋅s permet aussi de trouver, au fur et à mesure, des personnes ou organismes auxquels s’abonner nous-même, ce qui rend l’expérience plus enrichissante.

Des inconnu⋅e⋅s peuvent aussi plus facilement retrouver ce que l’on a cherché à mettre en avant.

Framasoft a publié un guide d’ailleurs, pour réexpliquer toutes ces fonctionnalités en image.

Bref, avoir testé Twitter ces derniers mois m’a permis de me rendre compte que j’appréciais le concept du microblogging qui permet de relayer facilement une information et d’être au courant de ce que d’autres personnes ayant les mêmes sensibilités ou centres d’intérêt peuvent vouloir transmettre, mais avoir trouver Mastodon me permet maintenant d’adopter ce type de réseau en toute sérénité.

Et tout comme Twitter, il est possible de consulter les « pouets » de quelqu’un sans avoir de compte soi-même, mais en ayant l’assurance que la navigation n’est pas espionnée.

Donc pour celles et ceux qui seraient tenté⋅e⋅s d’y jeter un coup d’œil, voici mon compte Mastodon : https://framapiaf.org/@unutao et peut-être à bientôt sur ce réseau ! 😛

(1) Sources (sur Wikipedia)

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